Prof débutante: Mes 3 plus grandes erreurs quand j’ai commencé à enseigner

Quand j’ai commencé à enseigner, j’étais hyper enthousiaste! J’avais un rapport complexe à l’école, ayant été brillante e primaires, médiocre en début de secondaire et brillante dans mes études supérieures. J’avais envie de transmettre à mes élèves du professionnel mon amour de la lecture, de l’écriture ainsi que l’émancipation sociale que l’école m’avait permis de vivre. J’ai mis du temps à comprendre mes erreurs. Si j’avais lu un témoignage semblable à celui que je m’apprête à te faire, peut-être aurais-je compris plus rapidement ce qu’il me fallait modifier dans mes croyances et mes actions. Et surtout, je me serais sentie un peu moins seule! (sur la petite photo ci-contre, c’est moi au sortir de mes études, toute jeune et toute naïve devant l’ampleur de la tâche qui m’attend 😉 )

J’étais totalement inconsciente de ce que je ne faisais pas bien. Je sentais que quelque chose ne fonctionnait pas mais, le « nez dans le guidon », je n’arrivais pas à percevoir ce que c’était.

 

Bref, voici les 3 erreurs que j’ai faites quand j’ai commencé à enseigner en lycée professionnel d’un quartier socialement défavorisé de Bruxelles….

J’aurais aimé lire ce témoignage avant d’ouvrir pour la première fois la porte de ma première classe car je me serais sentie moins seule…
Amandine Rozet

Ce que j’ai appris est valable pour toutes les personnes, en particulier celles qui sont en lien avec les enfants et les ados. En tant que maman, je me sers de cette expérience d’enseignante au quotidien pour accompagner au mieux mes 3 enfants.

Peut-être vas-tu te retrouver dans ce qui suit…auquel cas tu verras que tu n’es pas la seule à être passée par là! 

1. Croire que le programme est plus important que les élèves

J’avais bien structuré mon année scolaire en découpant comme il fallait le programme. J’étais très claire vis-à-vis de moi-même en ce qui concernant mes objectifs pédagogiques et les compétences à acquérir attendues. Je savais quand et quelles évaluations j’allais mettre en place. Et bien sûr, j’avais une réelle expertise sur ma discipline, le français.

Sauf que je n’avais pas du tout pris en compte les élèves, leur individualité. Certes, je savais que certains avaient davantage de difficultés que d’autres. Et je faisais tout mon possible pour les accompagner. Je savais aussi que les ados avaient en général d’autres préoccupations que la grammaire, l’orthographe et l’analyse de texte. Donc je ramenais leur attention vers mon cours avec fermeté mais bienveillance.

Mais le programme était sacré : et j’accélérais souvent le cours pour que nous ayons « tout » vu selon l’horaire prévu. J’étais en quelque sorte en mode « bulldozer » , écrasant sur mon passage (avec gentillesse toujours 😉) émotions parasites, bavardages intempestifs, coups de mous, lacunes anciennes et manque de motivation de mes élèves. J’étais fière de transmettre tout ce qu’il fallait.

Cela me coûtait énormément en énergie. Ma voix souffrait car j’en jouais beaucoup, variant les intonations et le volume 😉. Mon corps était fatigué par mes incessantes allées et venues dans la classe, pour poser la main sur l’épaule d’une distraite, froncer les sourcils en direction d’un élève bavard, réveiller un autre avachi sur son banc. Et bien sûr mon cerveau fonctionnait à 200 à l’heure car j’étais en mode multitâche puisque je donnais cours (aussi). Quant à mon cœur, il se serrait quand une jeune fille pleurait pour je ne savais quelle raison ou qu’il y avait une dispute entre élèves dans ma classe. Mais je mettais mon masque sévère et je sévissais rapidement. J’avais l’impression de mettre le couvercle sur une cocotte-minute prête à exploser. Mais j’étais fière de savoir bien gérer ma classe. Et quand je n’y étais pas arrivée, faute d’outils adéquats et d’une réelle réflexion sur le sujet, je me sentais nulle, incompétente.

2. Croire que je devais me débrouiller toute seule

Je trouvais agréable d’être seule en classe sans un patron sur le dos (j’en avais eu la désagréable expérience pendant mes boulots d’étudiante). J’avais une réelle liberté pédagogique (pensais-je, car en fait j’appliquais les bonnes vieilles méthodes ancestrales) et une responsabilité morale et sociale que j’appréciais envers ces jeunes que j’aimais bien.

Consciencieuse, j’avais décidé que les manuels n’étaient pas assez bien et que je devais recréer tout mon cours pour l’adapter à mes élèves (je précise qu’en l’occurrence je trouvais les manuels d’un niveau trop bas pour eux et j’en étais offusquée). J’ai très vite été submergée par le travail, bien sûr.

Fière, je voulais régler moi-même les soucis que j’avais en classe, notamment avec un élève qui me manquait de respect. Il le faisait d’une manière subtile et je ne comprenais pas qu’il s’agissait d’une forme de harcèlement. Si j’en avais parlé directement aux collègues ou à ma direction, ou si j’avais appelé plus souvent les parents, je me serais épargnée bien des prises de tête et peut-être qu’une solution aurait été trouvée avant que la situation ne dégénère et que l’élève soit renvoyé définitivement.

3. Croire que je devais passer en dernier après l’école et mes élèves

J’avais des quantités de travail de préparation (je te rappelle que j’avais choisi de concevoir tous mes cours), une énergie folle à dépenser en classe, des tonnes de correction à faire. Non seulement, je ramenais tout ce travail chez moi (car je n’avais pas de bureau personnel ni de classe à moi pour travailler hors temps de classe) mais en plus je pensais sans arrêt au travail. Les réunions à prévoir, les points à encoder, les conflits à gérer….tout prenait des proportions incroyables. L’intensité du métier de prof est telle qu’il est difficile de juste « couper » une fois rentrée à la maison.

Et puis de toutes façons, je ne savais plus quand était mon temps de travail et quand était mon temps de détente puisque je travaillais le soir chez moi et le weekend. Et quand je sortais, c’était soit avec mes collèges (et nous parlions de….boulot) soit avec des amis que je faisais rigoler avec mes histoires de prof.

Mais un temps de repos pour moi, rien qu’à moi, à ne rien faire ou à lire un roman pour le plaisir (et non pour le faire lire aux élèves)…il y en avait peu, et quasi plus quand les enfants sont nés. Pendant les vacances, je m’occupais d’eux ou je travaillais à mes cours ou à mes corrections. Oh, avec les années la préparation de cours s’amenuise mais si on est un petit peu trop consciencieuse comme moi ou si on a tendance à s’ennuyer et à vouloir innover….le travail prend toute la place aux dépends de la famille et, simplement, aux dépends de soi.

J’étais épuisée après seulement quelques années de carrière. Même quand je suis passée à mi-temps…

Bref, ces 3 erreurs étaient issues de croyances « limitantes », c’est-à-dire de présupposés qui ne m’aidaient pas, au contraire. Ce que j’ai appris petit à petit et notamment grâce à un travail sur moi de développement personnel, c’est que j’étais libre de changer ces croyances. Je pouvais décider, si je le voulais, de croire autre chose afin de devenir la prof que je souhaitais vraiment être.

Je pouvais:

  • décider que mes élèves et le lien que j’avais avec eux, passeraient avant le programme;
  • demander voire exiger du soutien de mes collègues, de la direction et de toute autre source: c’est faire preuve de sagesse;
  • décider que mon bien-être était essentiel à la poursuite de ma mission et que ce n’était en rien égoïste.

J’espère que toi aussi, tu es consciente que tu peux agir sur ce qui ne dépend que de toi dans le grand écosystème-école. Trouve et reconnais ton pouvoir personnel!

Je sais que ce n’est pas simple (le contexte peut changer la donne) et que cela demande beaucoup d’énergie (surtout si la culture de ton établissement est très différente de tes valeurs). La vérité aussi, c’est que ces erreurs sont non seulement des principes implicites de l’éducation nationale mais aussi de notre société. Difficile de prendre du recul! 

 

Si ce partage d’expérience t’a été utile mais que tu souhaites évoquer avec moi ta situation personnelle spécifique, n’hésite pas à me contacter pour faire une demande de séance-découverte! Pendant cette séance gratuite de 45 minutes, je t’écouterai, t’aiderai à prendre du recul et te proposerai des pistes pour te soutenir sur ton chemin.

A bientôt!

Amandine

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