On me demande souvent en quoi consiste mon métier, quel est le rapport entre le coaching et l’enseignement et pourquoi je me consacre à l’accompagnement des enseignantes, directrices et autres actrices de l’éducation.
Comme tu le sais peut-être déjà…
…Je voulais être institutrice quand j’étais petite. J’étais fascinée par le tableau noir et je dévorais tous les livres qui me passaient sous la main. Née dans un milieu populaire (ma mère était femme au foyer, mon père ouvrier en usine, aucun n’avait son Bac), je voyais mes profs comme des adultes spéciaux, hors de ma réalité personnelle et donc extra-ordinaires!

Chacun à sa manière, ils m’ont permis de comprendre qu’il y avait bien d’autres façons de voir la vie que celle de la communauté dont mes parents faisaient partie. Les femmes ayant une position subalterne dans ma famille et la communauté religieuse dont nous faisions partie, mes professeurs femmes ont été pour moi des modèles de liberté de pensée. Je pense notamment à cette prof d’histoire qui m’a fait réaliser que la vision historique était construite.
J’ai adoré les primaires, moins le collège (je me sentais « hors cadre » et légèrement rebelle à l’autorité ) et pas du tout le lycée où j’ai d’ailleurs connu l’échec scolaire puisque j’ai doublé une année. En grandissant, j’ai vaguement pensé choisir une autre carrière mais la peur de l’échec et le fait que l’enseignement était un métier « accepté » dans mon milieu (très marqué par les inégalités de genre, la femme étant supposée faire un minimum d’études, se marier rapidement et rester à la maison pour s’occuper des enfants) ont fortement pesé dans mon choix d’études.
Ainsi, après l’équivalent d’un master 2 de lettres, puis d’un autre master de « didactique du français langue étrangère », j’ai enseigné à des adultes. Mais je m’ennuyais, sauf quand j’étais à l’étranger ( je suis partie enseigner au Kazakhstan) ou bien quand je travaillais avec des personnes demandeuses d’asile, auquel cas je me sentais investie d’une « mission » sociale et culturelle.
Quand je suis devenue enseignante en lycée pro d’un quartier défavorisé de Bruxelles, j’ai été très heureuse d’avoir des élèves ados car j’adorais et j’adore encore l’authenticité des jeunes de ces âges. Quant à l’aspect d’émancipation sociale du métier, essentiel pour moi (je viens d’une famille ouvrière où j’étais la première à faire des études supérieures) il était complètement rencontré.
Mais….
…J’ai réalisé très vite plusieurs choses, notamment mon manque de formation. Certes, j’étais incollable pour faire des analyses stylistiques poussées ou pour expliquer l’accord du participe passé mais il y avait tant de choses que je ne savais pas !Par exemple, le simple fait que j’avais moi-même été ado quelques années auparavant ne signifiait pas que j’étais préparée à en gérer une vingtaine très authentiques dans une classe de moins de 20m². Ni que j’avais les outils pour faire aimer ma discipline à des jeunes qui avaient presque 10 ans derrière eux d’échec scolaire pour certains, un peu moins pour les plus jeunes mais qui semblaient déjà marqués par le manque d’espoir dans leurs capacités d’apprentissage.
En fait, je ne savais pas enseigner puisque j’avais appris à transmettre à un élève-type, celui qui comprend rapidement, facilement, qui fait ses devoirs, participe en classe et qui apprécie ce qu’on veut lui apprendre tout en restant bien assis et silencieux à sa place.
Sauf que…
…Cet élève-type se rencontre certes davantage dans certains établissements ou certaines classes mais dans celles que j’ai connues il était quasi inexistant.
Heureusement, j’avais moi aussi été une ado rebelle et pendant un temps complètement larguée en mathématiques donc je pouvais m’appuyer sur cette expérience pour développer mon empathie. C’était déjà un bon début mais c’était quand même très peu.
Petit à petit, j’ai appris à gérer une classe avec la technique du gant de velours sur une main de fer (et parfois l’inverse). Fatiguant. J’étais très stressée, je frôlais le burn-out, je ne pensais qu’au travail, les nombreux conflits qui émaillaient ma journée me pesaient, les couloirs défraîchis de mon établissement me déprimaient de même que l’ambiance un peu triste générale. J’essayais d’y répondre avec davantage d’enthousiasme, d’énergie et de sourire mais jusqu’à quand allais-je être capable de travailler ainsi ? Ma grossesse me faisait me poser beaucoup de question sur mon niveau d’énergie quand bébé serait là. Sa naissance intense répondrait à ces questions: oui, devenir mère serait un vrai chamboulement dans ma vie.
J’ai eu mon lot de conseils non avisés de collègues fatigués mais aussi un soutien chaleureux de collègues fraîchement arrivés dans le métier (j’apprendrais plus tard que peu d’entre nous tiendraient le coup sur la durée). Notamment, ils m’ont permis de comprendre que ma sensibilité, mon empathie et ma gentillesse étaient une clé importante pour entrer en lien avec les élèves et, de ce fait, faciliter les apprentissages (et ma vie aussi, par la même occasion!). J’ai eu la chance de bénéficier de réunions de tutorat menées par une collègue en fin de carrière. Ce fut enrichissant même si ce fut très ponctuel. J’ai ainsi pu expérimenter la joie que je ressentais dans la communauté de mes parents, celle de se retrouver tous, toutes générations confondues, autour des mêmes valeurs et de la même vision.
Et soudain…
… un collègue qui se formait au coaching m’a proposé d’être son cobaye. Je ne savais pas du tout ce que « coaching » voulait dire. Il m’a demandé si j’avais une préoccupation particulière dans mes débuts de prof…et je lui ai dit qu’effectivement je me sentais angoissée. La raison? Je voulais que tous mes élèves réussissent et qu’ils aiment l’école…et je n’y parvenais pas..
« Voilà ta zone d’action, ici ta zone d’influence et enfin la zone qui ne dépend pas de toi. Dans ce que tu m’as dit, qu’est-ce qui ne dépend vraiment que de toi ? ».
Quel soulagement ! Comme c’était agréable d’être vraiment écoutée et de se voir poser des questions pertinentes et sources de sagesse ! Et enfin je commençais à réaliser que tout ne dépendait pas de moi mais que je devais me concentrer sur ce qui était dans ma zone d’action. Et, clairement, ce que j’aimais dans mon métier, au-delà de la grammaire et de l’orthographe, c’était encourager mes élèves, les motiver, les regarder avec mon regard qui trouve le beau en chacun de nous, leur montrer la richesse de la lecture et leur insuffler mon énergie et ma passion.
Une révélation…

…Je ressens beaucoup de gratitude envers cette vie qui m’a permis de partir avec mon mari et mon bébé en Afrique, au Cameroun. J’ai posé ma démission et je suis partie après mon congé maternité.
C’est là-bas que j’ai rencontré ma mentor Claudélen Méallet qui m’a enseigné le coaching et les bases de la PNL lors de formations avec des dirigeants camerounais. J’ai réalisé que les méthodes de coaching pouvaient vraiment aider l’école, non pas en fixant des objectifs et en voulant atteindre des chiffres ou des résultats mais en mettant en valeur le lien de cœur à cœur entre les personnes.
Quelle révolution ce serait dans l’éducation où on a malheureusement encore tendance à catégoriser les élèves selon leur âge et leurs résultats et les enseignants selon leur diplôme ou leur fonction sans se préoccuper de qui ils sont vraiment!
C’est là-bas également que j’ai pris la présidence de l’école internationale de mes enfants dirigée par un directeur titulaire de l’éducation nationale mais gérée administrativement et financièrement entièrement par les parents d’élèves. J’étais en charge, aidée par les autres membres de l’association, du recrutement, du contrôle des finances gérées par le comptable de l’école, du lien avec les instances civiles et de toutes les question qui tournent autour de la gestion d’une école (de l’élagage des branches à la peinture en passant par les tribunaux et la police). J’ai appris énormément et j’ai vu l’école autrement, non plus à travers ma classe mais dans son aspect systémique, complexe, en lien avec les parents, la mairie et les habitants du quartier.
Vivre ailleurs…

Vivre au Cameroun 5 ans puis en Turquie 3 ans m’a permis de prendre de la hauteur sur mon ancienne vie, ma vie « normale » en Belgique.
Vue d’ailleurs, elle ne me semblait d’ailleurs plus très normale.
Ailleurs, les familles sont plus larges et s’entraident, on n’élève pas seul son enfant.
Bien évidemment cela ne va pas sans conflits mais il existe une sorte de responsabilité collective qui soutient les parents dans leur tâche -sans leur enlever la responsabilité ultime de l’éducation de leur enfant.
Ailleurs, l’enseignant est extrêmement respecté -parfois trop et on n’ose pas le contredire- mais sa tâche s’en trouve grandement facilitée 🙂
Prof de français en fac de traduction à Ankara, je réalisais que les difficultés des enseignants étaient semblables que dans le secondaire ou le fondamental même si les problèmes de gestion de classe étaient bien moindre (et que j’avais mon propre bureau et qu’il y avait une dame qui m’apportait du thé ET qui faisait pour moi les photocopies, tâche que je déteste!)
Mais le manque de motivation et de créativité chez les élèves était présent et leur résistance très grande devant les changements de méthode et de pratiques que je leur proposais.
Le stress de l’administratif, du programme à « boucler » et la solitude de l’enseignant face à ses difficultés en classe ou ailleurs étaient là aussi, malgré les bonnes volontés autour de moi 🙂

Ailleurs, on prend le temps de se parler, de prendre le thé ensemble. Le stress permanent en occident dû à la quantité de choses à faire en peu de temps et rapidement, l’administratif, la violence des rapports…je ne voulais plus de tout cela pour mon futur retour en Europe, ni pour moi, ni pour mes enfants (j’en avais eu deux autres entre-temps !).
Parallèlement, je suis devenue coach en développement personnel pour les adolescents. Je me suis beaucoup intéressée à leur développement psychologique et à l’apprentissage en général. Beaucoup de mes jeunes clients se plaignaient de leurs professeurs. Je recevais parallèlement des enseignantes pour des séances de coaching. J’ai réalisé que les jeunes et leurs profs étaient dans le même « bateau » et qu’ils semblaient touts souffrir du même mal: un manque de sens, un manque d’adéquation avec les enjeux de demain, une déconnexion entre les personnes.
J’ai réalisé qu’il était nécessaire penser de façon globale, structurelle afin que les élèves ET les enseignants se sentent bien à l’école; et j’ai eu envie de me consacrer davantage aux personnes de ma profession, dans une volonté de servir la corporation dont je me sentais toujours faire partie. Et parce que les enseignants, s’ils osent prendre des initiatives, ont la capacité à devenir des leaders en influençant positivement les jeunes et la société.
Je savais, pour l’avoir été aussi, que les enseignants ont bien souvent « la tête dans le guidon », pris dans la complexité et dans l’intensité de leur métier ; et qu’ils n’ont pas le temps ni l’énergie de prendre du recul d’autant plus que des moments d’intervision sont rarement institués formellement dans leur emploi du temps. La fatigue, la frustration, le malaise existent mais les vraies causes ne sont pas toujours touchées du doigt et rien ne change profondément, structurellement.
Et ici…
…Pour mon retour en Belgique, j’ai décidé de me consacrer aux femmes actrices de l’éducation, c’est-à-dire aux enseignantes, directrices et autres cheffes d’établissement. Mon histoire me rend plus sensible à l’ « empowerment » des femmes qui sont statistiquement davantage touchées que les hommes par les effets négatifs du système.
Ce que j’ai compris à travers mon expérience personnelle, c’est que soutenir les actrices de l’éducation passe par le fait de prendre soin d’elles à travers le groupe. Que ce que nous voulons pour nos enfants, nous devons aussi l’accorder à leurs éducateurs et éducatrices : de l’autonomie, de la liberté, de la bienveillance, du temps et l’écoute.
Que l’énergie dite « féminine » (c’est-à-dire l’énergie que nous possédons toutes et tous qui est davantage dirigée vers l’intériorité, l’écoute, les émotions et la connexion) a été oubliée et rabaissée dans nos vies quotidiennes et en particulier dans l’éducation et les écoles. Qu’il est urgent de rétablir l’équilibre entre les 2 énergies, c’est-à-dire avec son pendant, l’énergie masculine, davantage tournée vers l’action et le mental : les deux étant indispensables. Tout homme qui désire mettre en valeur sa propre part d’énergie féminine est donc encouragé à lire mes textes!
Que l’école est le reflet des inégalités sociales mais qu’elle peut être le lieu du changement….ou qu’on peut y travailler de l’extérieur 🙂
Qu’être alignée entre ses valeurs et sa façon d’agir (être « bien dans ses baskets ») est essentiel -d’autant plus quand on a la tâche si importante d’aider les enfants et les ados à devenir autonomes.
Et enfin, après avoir eu la chance de faire une rencontre émouvante avec une vieille éléphante en Tanzanie, j’ai réalisé que nous devions cesser de nous considérer comme indépendants des autres êtres vivants ou même supérieurs à eux, au contraire (la permaculture et ses principes a d’ailleurs été une source d’inspiration importante pour mes accompagnements et le cours en ligne dont tu trouveras le lien ci-dessous).

En conclusion: un long chemin pour trouver ma juste place dans le monde de l'éducation
J’ai mis du temps à mettre le doigt sur ce que j’aimais vraiment. Et ça n’a pas été facile de faire comprendre à mes proches pourquoi je lâchais un travail salarié pour devenir indépendante.
Lorsque j’ai compris que tout le travail de développement personnel que je faisais depuis mon adolescence pouvait m’être utile dans ma vie professionnelle, il y a eu un déclic qui m’a permis de prendre cette décision.
Se sentir alignée, dans la justesse et le plaisir demande de prendre du temps pour réfléchir à soi et à sa mission de vie. La bonne nouvelle c’est que cela crée un vrai sentiment de sérénité une fois les mises au point effectuées!
C’est pour cela que j’ai décidé de partager avec toi toutes les choses que j’aurais aimé savoir avant de commencer à enseigner à travers des articles et des ateliers en ligne réguliers (un moment idéal pour échanger).
Si tu veux commencer à appliquer les principes et les éthiques de la permaculture, je t’invite à t’inscrire au cours en ligne gratuit de 12 jours « Diminuer son stress grâce aux principes de la permaculture ».
Et si tu veux aller plus loin sur ton chemin de vie, je serais ravie de t’accompagner à travers l’un de mes programmes de coaching.